Je fais des visites à des malades; R. a des lettres d’affaires à écrire, dont une à l’étrange madame Brandt qui ne veut pas chanter Waltraute, mais Fricka. À 2 heures, Richter arrive avec sa femme, lui est toujours le même, toujours magnifique; elle, elle me fait un effet étrange, d’un type juif très marqué; les enfants nous aident à surmonter notre gêne.
— On parle rapidement de mettre de l’ordre dans nos affaires, les nouvelles que nous recevons de toutes parts sont défavorables, l’œuvre de mon père va entraîner des frais considérables et n’attirera plus personne au concert, les revenus de Pest seront plus faibles que nous ne l’espérons, les intrigues commencent à Vienne, un nouvel opéra mis au répertoire rendra les répétitions plus difficiles, et bien d’autres questions du même genre. Lorsque je pense que les concerts sont, en soi et compte tenu de la situation actuelle, un symptôme négatif et qu’au surplus ils sont inséparables de bien des difficultés, alors mon cœur se brise; à cela s’ajoutent les espoirs anéantis d’un Siegfried, les ennuis qui ne cessent de s’accroître plus nous approchons du but, l’âge de R., c’est à peine si je peux encore dominer tout ce qui pèse sur mon cœur.
