Samedi 9 (9 janvier 1875)

Cosima Wagner Journaux

Lettre charmante du baron Augusz avec un mot de mon père; celui-ci raconte qu’on a demandé à Saint-Pétersbourg s’il chanterait dans un concert de mon père et qu’il a répondu: pour Liszt, je danserais, s’il le demande; selon mon père, il serait prêt à tout faire pour Wagner. 

R. a les choses les plus diverses à faire (argent, orchestre, circulaire aux chanteurs, etc.); pour moi, je prépare le trousseau que je donnerai à mes deux aînées lorsque je les conduirai au pensionnat. Résultat de longues et pénibles réflexions… 

Le soir, R. et moi parlons de certaines expressions françaises qui sont si ridicules dans un texte allemand, ce qui montre d’ailleurs combien la situation de l’Allemagne était déplorable autrefois. Il cherche dans Kabale und Liebe le mot « Kidebarri[1]», ne le trouve pas, mais me lit en revanche la scène où Miller sortant de prison retrouve Luise assise dans un coin de la pièce; nous sommes émus aux larmes, «quand on pense, s’interrompt R., que toute la génération actuelle se moque de scènes de ce genre …. Nous déplorons que l’intrigue de la pièce soit si mauvaise. 

R. va changer de vêtements et je l’entends dire du haut de l’escalier: « Oui, ma bonne petite femme, la plus petite faute empêche les plus grands traits du génie d’exercer leur influence », — en descendant, je lui demande ce qu’il disait: « C’est à toi que je parlais comme d’habitude et je continuais à te parler de Kabale und Liebe. » — Nous pensons à Othello et à la terrible impression que fait le rêve de Cassio raconté par Y’ago. – Plus tard, R. se promène sur le balcon et il entend par la porte ouverte de Pidi les trois ainées prier lentement et gravement comme je le leur ai appris, pour tous les leurs, pour le Roi, pour tous les hommes. Cela l’émeut et le réjouit. – Nous continuons à lire Gfrörer.

Parisian avec le cul de Paris

Sarah Bernhardt à la mode du temps (Louise de Abbéma, 1876).

As R. changes clothes, I hear him speaking from above on the spiral staircase: “Yes, my dear little wife, the slightest flaw prevents the impact of the greatest traits of genius —” Descending, I ask him with whom he was speaking: “As always, with you, and now also about “Kabale und Liebe”.” He recalls “Othello”, the powerful impression of the dream of Cassio, as told by Iago.

Later, R. walks out onto the balcony, and through the open door of Fidi’s room he hears the three eldest praying slowly and solemnly, as I have taught them, for all those dear to them, for the king, for all people. This moves him deeply and brings him much joy. We continue reading Gfrörer.

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